Algérie, la dernière génération

« Nous sommes en juin 1962, depuis des semaines c’est l’affolement dans le quartier de la Marine, à Oran. Chez nos voisins on entend partout, il nous faut partir, on ne peut plus attendre, c’est fini on l’a perdu ce pays. Sans compter que le fils M. a été trouvé égorgé dans la rue tout prés de chez lui. Il faut partir tout de suite.

Les enfants dans toute leur insouciance savent qu’il se passe des choses graves. Un soir sous un ciel de plomb, alors que nous nous trouvions sur la terrasse de l’immeuble des avions ont largué des milliers de tracts. On s’est amusés à les récupérer avant que le vent ne les emporte. Il était question d’Algérie française. C’était une atmosphère étrange. La peur régnait partout. Les parents nous interdisaient de parler de quoique ce soit à qui que ce soit. Nos camarades d’écoles devenaient des étrangers et c’était dur de renier nos amitiés complices. 

Un matin mon père est revenu du travail et a dit à notre mère prépare une valise et quelques affaires, j’ai pu trouver 4 billets d’avion pour Toulouse, je vous amène à la Senia. Je vous rejoindrai dés que possible. Voilà comment à 7 ans j’ai quitté l’Algérie »

 

60 ans après 

Ce film est une somme de témoignages qui racontent ce qui reste chez des adultes qui ont quitté ce pays entre l’âge de 5 et 10 ans.

Que reste-t-il de l’Algérie 60 ans après ? 

Reste-t-il des souvenirs, de la nostalgie, des regrets, de la douleur ? 

Comment peut-on devenir adulte et vivre avec cette histoire au fond de soi ? 

Certains témoins ont avoué n’avoir jamais réellement pris le temps d’y réfléchir. Arrivés très jeunes en France, ils se sont fondus dans le moule d’une nouvelle société, d’une nouvelle vie, une fois leurs marques prises. Le temps faisant son œuvre.

Chez d’autres, vivant au sein de familles cultivant le souvenir, l’Algérie est restée une question entourée de silence et de ressentiment. 

Décider d’y retourner. 

Au fil du temps et des mots, ressortent des émotions et des images. Cela n’a rien à voir avec l’indépendance de l’Algérie et leurs départs précipités. Cela concerne les souvenirs d’un bonheur disparu. La douceur d’une mère, d’un père, d’un frère, d’une grand-mère ou d’un grand-père enterrés là-bas. Figés dans le temps.

A chaque fois se sont des anecdotes liées à la désinvolture, à la légèreté d’une époque.

Car 60 ans après, la dernière génération de pieds-noirs cherche désespérément à retrouver la trace de l’enfance. Cette période fondatrice de l’adulte. Celle qui peut perturber à jamais. Certains ont fait le voyage. 

L’écrivain Dominique Blondeau dans son livre « les visages de l’enfance »  a écrit :

« On ne renie pas son enfance ; on l’enfouit au fond de son cœur et l’ombre portée, l’ombre magique devient un symbole » 

Et cela vaut pour tous les enfants 

                

Ce documentaire est disponible à la vente et à la location 

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